Conseils aux autoconstructeurs

Lorsque nous nous lançons dans la grande aventure, nous ne sommes pas à la merci d'oublier quelques (gros) détails et surtout de négliger certains aspects de la construction, en général obnubilés par nos projections, nos envies, nos rêves, etc.
Voici quelques conseils rédigés après deux ans d'autoconstruction, dans l'ordre d'importance

1. Fais toi aider !!

Evidemment nous rêvons tous d'être autonomes, indépendants, certains seront 100%istes... mais bien peu construirons réellement à 100% leur maison.
De la conception à la mise en oeuvre, il est indispensable d'avoir un réseau fiable de référents, professionnels idéalement, que l'on peut consulter à la demande. Fais attention quand même à ne pas trop les solliciter et à bien formuler tes questions, schémas à l'appui.
Il peut être utile de négocier avec un architecte, un charpentier, un maçon, un menuisier, etc. des conseils payés pour répondre à des questions clés à certains moments du chantier. Cela s’avérera indispensable sous peine de faire des erreurs parfois irréparables. Il peut s'agir de professionnels qui sont intervenus ponctuellement sur le chantier, payés à la tâche ou à la journée en fonction des besoins.
Pour la partie gros oeuvre, il peut être intéressant de faire appel à des chantiers participatifs (twiza, workaway ou autre). Mais attention, il faut bien planifier ces chantiers au moins 3 semaines à l'avance, anticiper l'intendance (la belle famille ?) et être en mesure de surveiller/former tous les participants. Ces personnes seront en effet là pour apprendre ; elles peuvent faire des réelles bêtises sans le savoir. C'est un vrai échange et non une main d'oeuvre bon marché.

2. Fais des schémas aux côtes

Passe du temps sur ta conception et ne néglige aucun détail... Tu trouveras le moyen de faire vérifier tes plans et idées sur les forum spécialisés (forumconstruire, forum futurascience, etc.) ou auprès de pros. C'est particulièrement important pour les ponts thermiques, les finitions, les passages de graines techniques, etc. Il faut penser à tous les détails : angle de la maison, jonctions d'isolants ou d'ossatures différentes. Cf. point 9

3. Compare objectivement les solutions techniques

Nous avons tous tendance à favoriser une solution inconsciemment par nos "biais cognitifs". Par exemple en autoconstruction écologique, beaucoup favorisent le quintet "ossature bois + fermacell + tomettes + poêle à bois + enduits"... mais ces solutions ont aussi des inconvénients autant dans leur mise en oeuvre que dans le coût que dans les aspects techniques. Bref prend ton temps pour chiffrer différentes solution, visualiser le rendu et imaginer le quotidien (l'utilisation d'un poele à bois par exemple n'est pas anodine au quotidien, faire des finitions propres avec du fermacell... c'est difficile, poser proprement des tomettes ca peut vite devenir décourageant, les enduits terre c'est long et lourd, etc.)

4. Si possible réalise le gros oeuvre plutôt que les finitions

Beaucoup d’auto constructeurs se concentrent sur la partie second oeuvre, notamment la pose de l'isolant et des cloisons. Souvent par peur de faire des bêtises irréparables pendant la phase de gros oeuvre... Mais il faut savoir que la plus grosse partie du budget d'une maison vient du gros oeuvre. Le réaliser au moins en grande partie soi même c'est s'assurer une énorme économie... de l'argent que l'on pourra garder pour confier des finitions délicates à un pro (bandes à joint, carrelage, mais aussi menuiseries et finitions diverses, etc.). Les finitions seront en effet toujours visibles contrairement au gros oeuvre qui restera souvent "caché". Des finitions négligées seront toujours une moins value sur une maison alors qu'un faux niveau de 10cm sur des fondations rattrapé par une arasée restera invisible...
Dans notre cas, le gros oeuvre réalisé par des pros nous aurait coûté à bas mot pratiquement 100000€-120000€... Une somme que nous avons pu réduire aux alentours de 50000€ en autoconstruction. Le gain est colossal sans commune mesure avec le coût d'un électricien pro qui réalise le travail pour 5000 € de main d'oeuvre...
Le gros oeuvre n'est pas si complexe qu'il le semble, il faut juste bien prendre ses repères, visiter des chantiers, mettre la main à la pâte, etc.

5. Ne néglige aucun poste de dépense

En début de travaux, nous avons tous tendance à penser "cette dépense de 500 € n'est pas bien importante puisque j'ai xxx 000 € sur le compte"... mais vers la fin c'est parfois 120 € qui font défaut !
Quelques pistes pour économiser des sous : 
- emprunter ou louer de l'outillage, voire acheter pour revendre en cours de chantier
- acheter sa visserie sur internet (le site que nous avons utilisé) . Une économie conséquente sur un chantier par rapport aux tarifs pro d'un magasin de matériaux (sans parler des magasins de bricolage !)
- dans notre cas, mais c'est un choix particulier, nous avons opté pour des menuiseries de déstockage pour une économie énorme : 2500 € de menuiserie contre environ 15000 € sinon en équivalent bonne qualité
- éviter les gsb (grandes surface de bricolage) : ouvrir un compte pro dans un revendeur de matériaux en demandant un devis pour des matériaux chers (tuiles, etc.). Négocier direct un bon pourcentage et ne pas hésiter à comparer plusieurs revendeurs
- dès que les dépenses dépassent 500€, faire des devis, regarder sur internet, etc.

6. Envisage le "pire"

Que se passera t il si tu as un accident en cours de chantier ? As tu de la marge avec ton prêt bancaire ? Quelqu'un pourrait il prendre le relais ? Y a t il une activité que tu pourrais alors faire réaliser ? La maison en construction est elle assurée ? Suis je en mesure de racheter la part de mon conjoint si nous nous séparons en cours de chantier ? Bref, plein de perspectives pas terribles qu'il ne coûte rien d'envisager à tête reposée...

7. Pense à la valeur de revente de ton projet

Plusieurs personnes nous ont conseillé de garder à l’œil ce facteur. Il peut paraître un peu surprenant d'envisager de se séparer, de revendre un bien qui nous est en général très cher en tant qu’auto constructeur (notre "bébé" !). Mais personne n 'est à l'abri d'un accident, de gros soucis financiers ou autres surprises de la vie... La valeur réelle de ce que nous construisons n'est pas celle que nous avons idéalisée (toutes mes belles cloisons super isolées phoniquement, tout mon réseau électrique blindé ou mes belles tomettes maison...). Voici quelques conseils classiques, mais vous en trouverez plus en montrant vos plans à un agent immobilier par exemple :
- accès possible à un garage potentiel (un espace cellier assez large peut devenir garage)
- une faïence de salle de bain qui monte jusqu'au plafond et non simplement autour des vasques
- un accès au terrain digne de ce nom (à minima caillasse), avec de la place pour au moins 3 voitures
- un matériau résistant au sol du rdc (carrelage par exemple)
- même si vous aimez les wc secs, laissez une arrivée d'eau et évacuation pvc 100
- même si vous ne voulez pas de vmc, réaliser un réseau de vmc double flux constitue une réelle plus value

8. Garde une activité de "secours" sous le coude

Les délais et imprévus sont légions. Le plus courant pour nous auront été les délais très rallongés des fournisseurs. Alors qu'on attend les fenêtres dans 3 semaines elles arrivent 6 semaines plus tard. Idem pour le carrelage, mais parfois aussi du bois de charpente, des parpaings, etc.
Dans ce contexte il est indispensable de prévoir une activité secondaire pour combler ce temps perdu... Par exemple au lieu d'attaquer la structure secondaire, s'occuper des évacuations, du drain autour de la maison, etc. etc. Au pire s'occuper de la théorie, des matériaux, etc. de la suite...

9. Pense aux finitions dès la conception

Certains postes sont forcément moins connus à certains auto-constructeurs. Or il faut penser dès le début la conception dans son ensemble. Quelques exemples : mon mur sera t il suffisamment plan pour fixer des plinthes ? Comment passeront mes conduits de fumées en fonction de ma structure bois ? Les arrivées d'eau et évacuations sont elles judicieusement dans le futur espace de la cuisine ?
Cela peut nous amener à réaliser des simulations de certains espaces bien avant de pouvoir réaliser ces mêmes espaces...
Dans notre cas, c'est une des raisons pour laquelle nous avons opté pour un vide sanitaire. Celui ci permet de réaliser les traversées de dalles plus tardivement, en fonction de paramètres visibles sur le chantier. Par exemple la cloison sera réalisée à l'aplomb d'une solive et non à l'emplacement prévu à l'origine, ce qui décale celle ci de quelques centimètres...